L’école publique ne doit pas être l’antichambre des géants de la tech

ÉDITORIAL. La démarche privilégiée par le Département genevois de l’instruction publique basée sur des logiciels libres et des solutions ouvertes devrait questionner le reste du pays. Car elle s’avère pertinente du point de vue de la mission de l’école publiqueEst-ce le rôle de l’école publique d’enfermer les élèves dans l’environnement numérique d’une poignée d’entreprises? C’est, au fond, la question soulevée par le Département genevois de l’instruction publique (DIP) dans son approche originale de l’informatique pédagogique. Car son Service écoles-médias privilégie depuis deux décennies le recours à des logiciels libres et des solutions ouvertes partout où cela est possible en matière de numérique.Les géants de la Silicon Valley comme Microsoft, Apple et Google ont bien compris l’importance d’habituer les consommateurs à leurs produits dès le plus jeune âge. Tous proposent des suites logicielles et des services destinés spécifiquement aux besoins des enseignants. Ces outils sont bien entendu performants et simples d’utilisation. Ces entreprises offrent tout un écosystème de fonctionnalités parfaitement intégrées. Pour autant que l’on reste dans un de ces environnements fermés, tout est fluide et les problèmes de compatibilité sont mis de côté.Notre article: A Genève, le Service écoles-médias a mis l’indépendance numérique au cœur de son actionCette stratégie est tellement efficace que Genève fait figure d’exception en Suisse romande, voire dans le reste du pays, en privilégiant par exemple le système d’exploitation Linux, porte-étendard des logiciels libres, sur ses machines. Les élèves ont aussi accès à des ordinateurs sur lesquels sont installés les outils de Microsoft et Apple, mais ceux-ci sont réservés à des usages spécifiques. La démarche n’est donc pas sectaire. Une vision saine de l’enseignement Elle témoigne au contraire d’une vision saine de l’enseignement au XXIe siècle. Les élèves ont tout intérêt à découvrir la diversité d’approches qui existe dans les outils numériques, pour en comprendre le fonctionnement sous-jacent. Cela leur garantit davantage d’autonomie dans ce monde toujours plus informatisé. Ils peuvent aussi être sensibilisés aux différences qui existent en matière de protection des données selon la nature des logiciels. Lire aussi: Protection des données: les élèves genevois n’ont (presque) plus accès aux logiciels de MicrosoftL’approche genevoise ne va pas de soi, car elle demande de faire preuve de plus de pédagogie et de flexibilité. Non seulement vis-à-vis des élèves, mais aussi à l’égard des enseignants, eux-mêmes habitués aux produits proposés par les mastodontes de la Silicon Valley. Elle a pourtant du sens du point de vue de la mission portée par l’école publique. Dans un pays comme la Suisse, où les citoyens sont appelés aux urnes plusieurs fois par an, l’importance de former des individus libres et éclairés est indiscutable. Cela doit s’appliquer aussi à l’égard des outils du quotidien, eux-mêmes porteurs de certaines valeurs.Les élèves auront toujours la possibilité, une fois qu’ils auront quitté les bancs de l’école, d’opter pour le confort des logiciels propriétaires. Mais au moins le feront-ils avec une conscience plus aiguë des enjeux. Les autres cantons seraient bien inspirés de regarder de plus près ce qu’il se passe à Genève. Lire aussi: La Suisse romande, moteur de la souveraineté numérique à l’échelle fédérale

L’école publique ne doit pas être l’antichambre des géants de la tech

ÉDITORIAL. La démarche privilégiée par le Département genevois de l’instruction publique basée sur des logiciels libres et des solutions ouvertes devrait questionner le reste du pays. Car elle s’avère pertinente du point de vue de la mission de l’école publique

Est-ce le rôle de l’école publique d’enfermer les élèves dans l’environnement numérique d’une poignée d’entreprises? C’est, au fond, la question soulevée par le Département genevois de l’instruction publique (DIP) dans son approche originale de l’informatique pédagogique. Car son Service écoles-médias privilégie depuis deux décennies le recours à des logiciels libres et des solutions ouvertes partout où cela est possible en matière de numérique.

Les géants de la Silicon Valley comme Microsoft, Apple et Google ont bien compris l’importance d’habituer les consommateurs à leurs produits dès le plus jeune âge. Tous proposent des suites logicielles et des services destinés spécifiquement aux besoins des enseignants. Ces outils sont bien entendu performants et simples d’utilisation. Ces entreprises offrent tout un écosystème de fonctionnalités parfaitement intégrées. Pour autant que l’on reste dans un de ces environnements fermés, tout est fluide et les problèmes de compatibilité sont mis de côté.

Notre article: A Genève, le Service écoles-médias a mis l’indépendance numérique au cœur de son action

Cette stratégie est tellement efficace que Genève fait figure d’exception en Suisse romande, voire dans le reste du pays, en privilégiant par exemple le système d’exploitation Linux, porte-étendard des logiciels libres, sur ses machines. Les élèves ont aussi accès à des ordinateurs sur lesquels sont installés les outils de Microsoft et Apple, mais ceux-ci sont réservés à des usages spécifiques. La démarche n’est donc pas sectaire.

Une vision saine de l’enseignement

Elle témoigne au contraire d’une vision saine de l’enseignement au XXIe siècle. Les élèves ont tout intérêt à découvrir la diversité d’approches qui existe dans les outils numériques, pour en comprendre le fonctionnement sous-jacent. Cela leur garantit davantage d’autonomie dans ce monde toujours plus informatisé. Ils peuvent aussi être sensibilisés aux différences qui existent en matière de protection des données selon la nature des logiciels.

Lire aussi: Protection des données: les élèves genevois n’ont (presque) plus accès aux logiciels de Microsoft

L’approche genevoise ne va pas de soi, car elle demande de faire preuve de plus de pédagogie et de flexibilité. Non seulement vis-à-vis des élèves, mais aussi à l’égard des enseignants, eux-mêmes habitués aux produits proposés par les mastodontes de la Silicon Valley. Elle a pourtant du sens du point de vue de la mission portée par l’école publique. Dans un pays comme la Suisse, où les citoyens sont appelés aux urnes plusieurs fois par an, l’importance de former des individus libres et éclairés est indiscutable. Cela doit s’appliquer aussi à l’égard des outils du quotidien, eux-mêmes porteurs de certaines valeurs.

Les élèves auront toujours la possibilité, une fois qu’ils auront quitté les bancs de l’école, d’opter pour le confort des logiciels propriétaires. Mais au moins le feront-ils avec une conscience plus aiguë des enjeux. Les autres cantons seraient bien inspirés de regarder de plus près ce qu’il se passe à Genève.

Lire aussi: La Suisse romande, moteur de la souveraineté numérique à l’échelle fédérale