DeepL, le David allemand de la traduction en ligne face aux Goliath américains
Après une année 2024 forte en annonces, DeepL, le spécialiste des traductions écrites en ligne, devra maintenir son avance face à une concurrence féroceQuelle année pour DeepL! La pépite allemande de l’intelligence artificielle, spécialisée dans les traductions écrites en ligne, a multiplié les annonces. Entrée un an plus tôt dans le club très fermé des «licornes», ou entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars, elle a doublé la mise en 2024, comme elle l’a annoncé en mai, à l’issue d’une campagne de souscriptions menée par la société de capital-risque Index Venture, et qui lui a permis de récolter 300 millions de dollars d’investissements. La petite start-up créée en 2017 à Cologne est désormais valorisée à 2 milliards de dollars, soit plus que d’autres leaders de l’IA, tels que l’Européen Aleph Alpha.En été, DeepL a par ailleurs annoncé lancer une nouvelle génération de son modèle linguistique qui, selon des tests réalisés à l’aveugle par des experts linguistiques, a donné des résultats meilleurs que ceux des concurrents tels que Google translate ou Microsoft. L’entreprise confirmait aussi ouvrir sa palette de produits avec un programme de traduction audio en temps réel, Deep Voice, capable de traduire des conférences en plusieurs langues, et un assistant rédactionnel, DeepL Write Pro, en réponse à ChatGPT. Enfin, elle annonçait avoir franchi la barre du millier de salariés à travers le monde, elle qui, il y a encore 4 ans, en comptait à peine une centaine. Elle a ouvert un bureau à New-York, après le Japon en 2023.IA généralisée et proximité avec le client Comment une petite start-up créée en 2017, à Cologne, a-t-elle réussi à se faire une place de choix sur le terrain si concurrentiel des traductions en ligne? «La compétition est ancrée dans l’ADN de DeepL», explique au Temps Jaroslaw Kutylowski, PDG et fondateur de DeepL qui développe: «Depuis notre création, nous rivalisons avec les géants de la technologie en plaçant la recherche et le développement au cœur de notre stratégie. Contrairement aux modèles d’IA généralistes proposés par nos concurrents, chez DeepL, nous avons fait le choix d’une IA spécialisée, conçue pour répondre précisément aux cas d’usage des entreprises. Nous entretenons un dialogue constant avec nos clients afin de comprendre leurs besoins spécifiques et les défis qu’ils rencontrent au quotidien. Ces échanges nous permettent d’affiner nos solutions et d’orienter nos investissements en développement technologique pour y répondre de manière optimale. Cette capacité d’écoute, combinée à notre technologie de pointe, est la clé de notre succès. Elle nous permet de mettre entre les mains des entreprises une IA sécurisée, précise et véritablement adaptée à leurs usages».Avant d’en arriver là, Jaroslaw Kutylowski, né en Pologne mais arrivé jeune en Allemagne, est lui-même passé par l’apprentissage, compliqué, d’une langue étrangère. Diplômé d’informatique, il a fait ses armes auprès du dictionnaire en ligne Linguee, avant de créer DeepL en 2017. «Linguee utilisait déjà les systèmes de traduction automatique neuronale et possédait une base de documents spécialisés issus, notamment, de l’administration européenne», commente Marcel Weiss, analyste et auteur du blog «Neunetz.com», spécialisé dans l’IA. «Cette base de données est à l’origine du succès initial de DeepL. Je ne m’inquiète pas tellement pour son avenir, car elle est spécialisée dans les traductions écrites et surpasse ses concurrents en termes de qualité. Mais la question est de savoir quel est le potentiel de ce marché très concurrentiel. Va-t-il encore grandir? Si ce n’est pas le cas, les investisseurs garderont-ils leur confiance en DeepL?» se demande cet expert. Une concurrence féroce De fait, ChatGPT, Microsoft et Google Translate avancent eux aussi rapidement dans le domaine des traductions écrites et spécialisées, et se livrent une concurrence féroce, avec des budgets de recherche et financement supérieurs à ceux de DeepL. Jusqu’à quand la petite start-up allemande, et son offre de traductions en 32 langues, tiendra-t-elle face à des géants qui proposent jusqu’à 133 langues rien que pour Google Translate?Avare de données chiffrées, DeepL affirme être «rentable» d’un point de vue comptable, avec 100 000 clients payants, dont de grandes entreprises comme la Deutsche Bahn. Les dernières données disponibles font état d’un chiffre d’affaires de 28,3 millions d’euros en 2021 pour un résultat net d’1,5 millions d’euros. «Trouver des financements pour la recherche est le nerf de la guerre pour les start-up de la tech», rappelle l’analyste indépendant Marcel Weiss. «En Europe, les investisseurs restent frileux, et rares sont les entreprises européennes qui, comme DeepL, réussissent à profiter des investissements américains. C’est une vraie chance» estime-t-il. Une chance sur laquelle DeepL devra continuer à compter pour tenir bon face à la concurrence. Lire aussi: Klarna, symbole européen des heurs et malheurs des fintechs
Après une année 2024 forte en annonces, DeepL, le spécialiste des traductions écrites en ligne, devra maintenir son avance face à une concurrence féroce
Quelle année pour DeepL! La pépite allemande de l’intelligence artificielle, spécialisée dans les traductions écrites en ligne, a multiplié les annonces. Entrée un an plus tôt dans le club très fermé des «licornes», ou entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars, elle a doublé la mise en 2024, comme elle l’a annoncé en mai, à l’issue d’une campagne de souscriptions menée par la société de capital-risque Index Venture, et qui lui a permis de récolter 300 millions de dollars d’investissements. La petite start-up créée en 2017 à Cologne est désormais valorisée à 2 milliards de dollars, soit plus que d’autres leaders de l’IA, tels que l’Européen Aleph Alpha.
En été, DeepL a par ailleurs annoncé lancer une nouvelle génération de son modèle linguistique qui, selon des tests réalisés à l’aveugle par des experts linguistiques, a donné des résultats meilleurs que ceux des concurrents tels que Google translate ou Microsoft. L’entreprise confirmait aussi ouvrir sa palette de produits avec un programme de traduction audio en temps réel, Deep Voice, capable de traduire des conférences en plusieurs langues, et un assistant rédactionnel, DeepL Write Pro, en réponse à ChatGPT. Enfin, elle annonçait avoir franchi la barre du millier de salariés à travers le monde, elle qui, il y a encore 4 ans, en comptait à peine une centaine. Elle a ouvert un bureau à New-York, après le Japon en 2023.
IA généralisée et proximité avec le client
Comment une petite start-up créée en 2017, à Cologne, a-t-elle réussi à se faire une place de choix sur le terrain si concurrentiel des traductions en ligne? «La compétition est ancrée dans l’ADN de DeepL», explique au Temps Jaroslaw Kutylowski, PDG et fondateur de DeepL qui développe: «Depuis notre création, nous rivalisons avec les géants de la technologie en plaçant la recherche et le développement au cœur de notre stratégie. Contrairement aux modèles d’IA généralistes proposés par nos concurrents, chez DeepL, nous avons fait le choix d’une IA spécialisée, conçue pour répondre précisément aux cas d’usage des entreprises. Nous entretenons un dialogue constant avec nos clients afin de comprendre leurs besoins spécifiques et les défis qu’ils rencontrent au quotidien. Ces échanges nous permettent d’affiner nos solutions et d’orienter nos investissements en développement technologique pour y répondre de manière optimale. Cette capacité d’écoute, combinée à notre technologie de pointe, est la clé de notre succès. Elle nous permet de mettre entre les mains des entreprises une IA sécurisée, précise et véritablement adaptée à leurs usages».
Avant d’en arriver là, Jaroslaw Kutylowski, né en Pologne mais arrivé jeune en Allemagne, est lui-même passé par l’apprentissage, compliqué, d’une langue étrangère. Diplômé d’informatique, il a fait ses armes auprès du dictionnaire en ligne Linguee, avant de créer DeepL en 2017. «Linguee utilisait déjà les systèmes de traduction automatique neuronale et possédait une base de documents spécialisés issus, notamment, de l’administration européenne», commente Marcel Weiss, analyste et auteur du blog «Neunetz.com», spécialisé dans l’IA. «Cette base de données est à l’origine du succès initial de DeepL. Je ne m’inquiète pas tellement pour son avenir, car elle est spécialisée dans les traductions écrites et surpasse ses concurrents en termes de qualité. Mais la question est de savoir quel est le potentiel de ce marché très concurrentiel. Va-t-il encore grandir? Si ce n’est pas le cas, les investisseurs garderont-ils leur confiance en DeepL?» se demande cet expert.
Une concurrence féroce
De fait, ChatGPT, Microsoft et Google Translate avancent eux aussi rapidement dans le domaine des traductions écrites et spécialisées, et se livrent une concurrence féroce, avec des budgets de recherche et financement supérieurs à ceux de DeepL. Jusqu’à quand la petite start-up allemande, et son offre de traductions en 32 langues, tiendra-t-elle face à des géants qui proposent jusqu’à 133 langues rien que pour Google Translate?
Avare de données chiffrées, DeepL affirme être «rentable» d’un point de vue comptable, avec 100 000 clients payants, dont de grandes entreprises comme la Deutsche Bahn. Les dernières données disponibles font état d’un chiffre d’affaires de 28,3 millions d’euros en 2021 pour un résultat net d’1,5 millions d’euros. «Trouver des financements pour la recherche est le nerf de la guerre pour les start-up de la tech», rappelle l’analyste indépendant Marcel Weiss. «En Europe, les investisseurs restent frileux, et rares sont les entreprises européennes qui, comme DeepL, réussissent à profiter des investissements américains. C’est une vraie chance» estime-t-il. Une chance sur laquelle DeepL devra continuer à compter pour tenir bon face à la concurrence.