La voix générée par intelligence artificielle: prometteuse, sous certaines conditions

ÉDITORIAL. Cette nouvelle technologie permet une imitation de plus en plus réussie de la voix humaine. Mais les questions éthiques sont réelles et le risque de tromperie existeParmi les nombreuses nouvelles options qu’offre l’intelligence artificielle (IA) générative, la voix en est une qui fait particulièrement débat. Cet organe unique est intimement lié à un individu et le clonage pose des questions éthiques depuis son apparition dans le grand public avec la naissance de la brebis Dolly, en 1996. La voix humaine s’imite de mieux en mieux, ouvrant la porte à des sons de plus en plus agréables à écouter, grâce aux corrections, améliorations ou créations hybrides.Les exemples sont aujourd’hui nombreux. En septembre 2023, le média Forbes mettait en ligne des extraits vidéo de Mark Zuckerberg traduits en français, en doublant et en ajustant le son sur le mouvement de ses lèvres. Le fondateur de Facebook parle ainsi nettement plus lentement qu’en version originale, mais pour qui ne prête pas attention à la mention sous la vidéo, il devient francophone, sans accent. C’est là qu’intervient le deuxième type d’interrogations: le risque de tromperie.Dans un monde de plus en plus envahi par le faux, la possibilité d’abus ne doit pas être sous-estimée. On rigole de l’exemple récemment médiatisé d’une femme générée artificiellement menant en bateau les arnaqueurs au téléphone. On rit moins de la situation inverse: une voix répliquée et utilisée pour extorquer de l’argent à une personne proche. Lire aussi: Les médias romands adoptent les voix générées par IAIndispensable transparence Les médias se sont emparés de cette IA permettant de générer des contenus audio. En été 2024, Le Temps a mis en place une expérimentation pour recueillir l’avis des internautes et en tenir compte. Les résultats sont favorables aux voix synthétiques basées sur des voix humaines, des voix clonées donc. Utiliser l’outil pour ce qu’il offre, un accès amélioré à des contenus et une diffusion plus large de ceux-ci, est positif, pour autant que l’exercice soit parfaitement réalisé. Les essais se poursuivent et nous vous informerons au fur et à mesure des travaux et des choix effectués.Pour tout média attentif à la confiance que lui portent ses lecteurs et auditeurs, la transparence est essentielle. Le cadre juridique au sein de l’entreprise est évidemment tout aussi important. Un collaborateur doit avoir le droit de prêter ou non sa voix et rester maître de l’usage qui en est fait. Comme pour toutes les technologies mises en place au sein d’une rédaction, l’être humain garde le contrôle, la validation et la responsabilité finale de la production éditoriale. Dans le respect strict de ces conditions, l’IA générative est un outil à considérer, sans angélisme mais sans tabou. Une tribune contre: IA au «Temps»: avoir voix au chapitreUne tribune pour: Les voix synthétiques peuvent faire rayonner la diversité

La voix générée par intelligence artificielle: prometteuse, sous certaines conditions

ÉDITORIAL. Cette nouvelle technologie permet une imitation de plus en plus réussie de la voix humaine. Mais les questions éthiques sont réelles et le risque de tromperie existe

Parmi les nombreuses nouvelles options qu’offre l’intelligence artificielle (IA) générative, la voix en est une qui fait particulièrement débat. Cet organe unique est intimement lié à un individu et le clonage pose des questions éthiques depuis son apparition dans le grand public avec la naissance de la brebis Dolly, en 1996. La voix humaine s’imite de mieux en mieux, ouvrant la porte à des sons de plus en plus agréables à écouter, grâce aux corrections, améliorations ou créations hybrides.

Les exemples sont aujourd’hui nombreux. En septembre 2023, le média Forbes mettait en ligne des extraits vidéo de Mark Zuckerberg traduits en français, en doublant et en ajustant le son sur le mouvement de ses lèvres. Le fondateur de Facebook parle ainsi nettement plus lentement qu’en version originale, mais pour qui ne prête pas attention à la mention sous la vidéo, il devient francophone, sans accent. C’est là qu’intervient le deuxième type d’interrogations: le risque de tromperie.

Dans un monde de plus en plus envahi par le faux, la possibilité d’abus ne doit pas être sous-estimée. On rigole de l’exemple récemment médiatisé d’une femme générée artificiellement menant en bateau les arnaqueurs au téléphone. On rit moins de la situation inverse: une voix répliquée et utilisée pour extorquer de l’argent à une personne proche.

Lire aussi: Les médias romands adoptent les voix générées par IA

Indispensable transparence

Les médias se sont emparés de cette IA permettant de générer des contenus audio. En été 2024, Le Temps a mis en place une expérimentation pour recueillir l’avis des internautes et en tenir compte. Les résultats sont favorables aux voix synthétiques basées sur des voix humaines, des voix clonées donc. Utiliser l’outil pour ce qu’il offre, un accès amélioré à des contenus et une diffusion plus large de ceux-ci, est positif, pour autant que l’exercice soit parfaitement réalisé. Les essais se poursuivent et nous vous informerons au fur et à mesure des travaux et des choix effectués.

Pour tout média attentif à la confiance que lui portent ses lecteurs et auditeurs, la transparence est essentielle. Le cadre juridique au sein de l’entreprise est évidemment tout aussi important. Un collaborateur doit avoir le droit de prêter ou non sa voix et rester maître de l’usage qui en est fait. Comme pour toutes les technologies mises en place au sein d’une rédaction, l’être humain garde le contrôle, la validation et la responsabilité finale de la production éditoriale. Dans le respect strict de ces conditions, l’IA générative est un outil à considérer, sans angélisme mais sans tabou.

Une tribune contre: IA au «Temps»: avoir voix au chapitre
Une tribune pour: Les voix synthétiques peuvent faire rayonner la diversité