Nicolas Nova, anthropologue: «Le folklore numérique nous aide à penser les nouvelles technologies»

Nos ordinateurs hébergent des démons, contiennent des fichiers fantômes et peuvent être infectés par des chevaux de Troie. Pourquoi réactiver des imaginaires ancestraux dans nos gestes hyper-contemporains? L’anthropologue Nicolas Nova a consacré un livre à cette «persistance du merveilleux»Des trolls, des démons, des fantômes… On en croise dans les contes, dans les manuels d’exorcisme, dans les romans gothiques. Mais pas seulement: les trolls pullulent aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Les démons (ou plutôt les daemons, comme on les orthographie) sont ces petits logiciels généralement invisibles qui veillent au bon fonctionnement général de votre ordinateur. Les fantômes? Combien de fois, à la rédaction du Temps, n’a-t-on pas entendu l’auteur de ces lignes éructer – lorsqu’il était confronté à un dysfonctionnement de la complexe architecture informatique servant à produire le journal que vous tenez entre vos mains – qu’il y avait vraisemblablement un «ghost in the machine»?Développons la ménagerie: face à nos claviers et à nos écrans, nous sommes à chaque moment susceptibles de rencontrer des chevaux de Troie (c’est-à-dire des logiciels malveillants qui, pour votre malheur, s’introduisent en douce dans votre ordinateur pour perturber son bon fonctionnement); de la vermine (autrement dit, en anglais, des bugs, comme celui, heureusement évité, de l’an 2000); des zombies (ce sera le triste destin de votre machine si elle vient à être contrôlée à distance par un cybercriminel). On risque même de tomber sur des revenants, ou d’être victime de phénomènes de possession. Rendez-vous sur le forum en ligne Quora, vous y trouverez quantité de questionnements pour le moins étranges: «Un smartphone peut-il être hanté?»; «Les esprits bons ou mauvais peuvent-ils utiliser la technologie pour contacter ou harceler les gens?»; «Un fantôme peut-il posséder un téléphone portable et communiquer à travers son écran ou par des messages textuels à partir de l’appareil d’une autre personne qui se trouve à proximité?». Etonnantes résurgences d’imaginaires ancestraux dans nos gestes hyper-contemporains, quand on y pense. Les fabricants de puces (électroniques) sont-ils là pour nous gratter (de l’argent)?Voir plus

Nicolas Nova, anthropologue: «Le folklore numérique nous aide à penser les nouvelles technologies»

Nos ordinateurs hébergent des démons, contiennent des fichiers fantômes et peuvent être infectés par des chevaux de Troie. Pourquoi réactiver des imaginaires ancestraux dans nos gestes hyper-contemporains? L’anthropologue Nicolas Nova a consacré un livre à cette «persistance du merveilleux»

Des trolls, des démons, des fantômes… On en croise dans les contes, dans les manuels d’exorcisme, dans les romans gothiques. Mais pas seulement: les trolls pullulent aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Les démons (ou plutôt les daemons, comme on les orthographie) sont ces petits logiciels généralement invisibles qui veillent au bon fonctionnement général de votre ordinateur. Les fantômes? Combien de fois, à la rédaction du Temps, n’a-t-on pas entendu l’auteur de ces lignes éructer – lorsqu’il était confronté à un dysfonctionnement de la complexe architecture informatique servant à produire le journal que vous tenez entre vos mains – qu’il y avait vraisemblablement un «ghost in the machine»?

Développons la ménagerie: face à nos claviers et à nos écrans, nous sommes à chaque moment susceptibles de rencontrer des chevaux de Troie (c’est-à-dire des logiciels malveillants qui, pour votre malheur, s’introduisent en douce dans votre ordinateur pour perturber son bon fonctionnement); de la vermine (autrement dit, en anglais, des bugs, comme celui, heureusement évité, de l’an 2000); des zombies (ce sera le triste destin de votre machine si elle vient à être contrôlée à distance par un cybercriminel). On risque même de tomber sur des revenants, ou d’être victime de phénomènes de possession. Rendez-vous sur le forum en ligne Quora, vous y trouverez quantité de questionnements pour le moins étranges: «Un smartphone peut-il être hanté?»; «Les esprits bons ou mauvais peuvent-ils utiliser la technologie pour contacter ou harceler les gens?»; «Un fantôme peut-il posséder un téléphone portable et communiquer à travers son écran ou par des messages textuels à partir de l’appareil d’une autre personne qui se trouve à proximité?». Etonnantes résurgences d’imaginaires ancestraux dans nos gestes hyper-contemporains, quand on y pense. Les fabricants de puces (électroniques) sont-ils là pour nous gratter (de l’argent)?Voir plus