En vidéo – Prêts à vendre vos données personnelles?

Des bons d’achat contre des données personnelles? La monétisation des données personnelles est-elle sans risque pour notre vie privée? On décrypte ce sujet dans ce nouvel épisode de notre série de vidéos Little Sister, consacrée à l’usage de nos données personnellesSeriez-vous prêt à échanger quelques-unes de vos données personnelles contre de l’argent? En mars dernier, la plateforme de shopping en ligne Temu lançait en France et au Royaume-Uni une campagne de promotion insidieuse: en échange de bons d’achat et de virements directs sur Paypal, les nouveaux inscrits devaient consentir à une utilisation à vie de leurs données personnelles par Temu. En d’autres termes, il s’agissait de 100 euros contre des informations comme le nom, la photo de profil, la voix et autres informations biographiques.Face aux analyses d’experts en protection des données et aux réactions outrées, l’entreprise a suspendu le programme peu de temps après son lancement. Toutefois, le service de communication l’assure: Temu ne disposait que de la photo de profil et du nom de chaque personne participant à l’opération. Les conditions générales d’utilisation qui accompagnaient la campagne de promotion n’étaient en fait pas les bonnes, se justifie l’entreprise chinoise.Lire aussi: Comment l’app chinoise Temu déferle sur le monde ### «Des données qui partent en Chine ou aux Etats-Unis, c’est plus problématique» Mais Temu n’est pas la seule entreprise à montrer un intérêt pour nos données personnelles en échange d’argent. [Amazon](https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/net-plus-ultra/net-plus-ultra-du-vendredi-09-decembre-2022-5320957) ou [Shein](https://siecledigital.fr/2023/04/17/uscc-rapport-shein-temu/), une autre plateforme de shopping en ligne chinoise, ont récemment lancé des campagnes similaires. D’autres start-up surfent également sur une tendance qui pourrait se résumer ainsi: «les GAFA absorbent de toute façon vos données personnelles, alors pourquoi ne pas nous les vendre?». C’est ainsi que sont nées TaData, Caden, Weward, et des dizaines d’autres services du même genre. L’une (comme Weward) propose «des cadeaux ou de l’argent» contre des trajets à pied et des offres personnalisées liées à la géolocalisation tandis que d’autres (comme Caden) jouent sur la mise en relation de données en provenance d’applications tierces. Lire aussi: «Nous avons perdu le contrôle de nos données» Pour les experts, les risques sont nombreux. Si on sait mieux quelles données on transmet, on ne sait pas toujours où elles terminent. La nature des données peut aussi être problématique: vendre des données de santé, ou de localisation par exemple, c’est s’exposer encore un peu plus. Pour Livio di Tria, expert en droit des nouvelles technologies, cela se résume ainsi: «Ces entreprises essayent de monétiser des données, en vue de faire de la publicité en ligne. Ce sont des sociétés qui prétendent amener de la transparence dans un modèle qui fait fi de la transparence.» ### Anonymisation illusoire Caden et autres Weward misent sur l’anonymisation des données récoltées afin de convaincre les utilisateurs. Illusoire, pour Livio di Tria: > «Plus on a de données, moins c’est facile de garantir qu’elles restent anonymes. De plus, dans une logique de publicitaire, ce qui est intéressant, c’est quand même d’avoir un nom pour cibler des produits. D’ailleurs, les autorités européennes reconnaissent que l’anonymisation dans un tel écosystème est difficile.» Du côté de la FRC, Jean Busché s’inquiète «des garanties dont dispose l’utilisateur, pour pouvoir se rétracter, détruire ou modifier les données une fois qu’elles ont été vendues». Selon lui, «si les données sont stockées en Suisse, même si beaucoup d’entreprises ne respectent pas la loi, il y a des droits. Des données qui partent en Chine ou aux Etats-unis, c’est plus problématique».

En vidéo – Prêts à vendre vos données personnelles?

Des bons d’achat contre des données personnelles? La monétisation des données personnelles est-elle sans risque pour notre vie privée? On décrypte ce sujet dans ce nouvel épisode de notre série de vidéos Little Sister, consacrée à l’usage de nos données personnelles

Seriez-vous prêt à échanger quelques-unes de vos données personnelles contre de l’argent? En mars dernier, la plateforme de shopping en ligne Temu lançait en France et au Royaume-Uni une campagne de promotion insidieuse: en échange de bons d’achat et de virements directs sur Paypal, les nouveaux inscrits devaient consentir à une utilisation à vie de leurs données personnelles par Temu. En d’autres termes, il s’agissait de 100 euros contre des informations comme le nom, la photo de profil, la voix et autres informations biographiques.

Face aux analyses d’experts en protection des données et aux réactions outrées, l’entreprise a suspendu le programme peu de temps après son lancement. Toutefois, le service de communication l’assure: Temu ne disposait que de la photo de profil et du nom de chaque personne participant à l’opération. Les conditions générales d’utilisation qui accompagnaient la campagne de promotion n’étaient en fait pas les bonnes, se justifie l’entreprise chinoise.

Lire aussi: Comment l’app chinoise Temu déferle sur le monde
### «Des données qui partent en Chine ou aux Etats-Unis, c’est plus problématique» Mais Temu n’est pas la seule entreprise à montrer un intérêt pour nos données personnelles en échange d’argent. [Amazon](https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/net-plus-ultra/net-plus-ultra-du-vendredi-09-decembre-2022-5320957) ou [Shein](https://siecledigital.fr/2023/04/17/uscc-rapport-shein-temu/), une autre plateforme de shopping en ligne chinoise, ont récemment lancé des campagnes similaires. D’autres start-up surfent également sur une tendance qui pourrait se résumer ainsi: «les GAFA absorbent de toute façon vos données personnelles, alors pourquoi ne pas nous les vendre?». C’est ainsi que sont nées TaData, Caden, Weward, et des dizaines d’autres services du même genre. L’une (comme Weward) propose «des cadeaux ou de l’argent» contre des trajets à pied et des offres personnalisées liées à la géolocalisation tandis que d’autres (comme Caden) jouent sur la mise en relation de données en provenance d’applications tierces.
Lire aussi: «Nous avons perdu le contrôle de nos données»
Pour les experts, les risques sont nombreux. Si on sait mieux quelles données on transmet, on ne sait pas toujours où elles terminent. La nature des données peut aussi être problématique: vendre des données de santé, ou de localisation par exemple, c’est s’exposer encore un peu plus. Pour Livio di Tria, expert en droit des nouvelles technologies, cela se résume ainsi: «Ces entreprises essayent de monétiser des données, en vue de faire de la publicité en ligne. Ce sont des sociétés qui prétendent amener de la transparence dans un modèle qui fait fi de la transparence.» ### Anonymisation illusoire Caden et autres Weward misent sur l’anonymisation des données récoltées afin de convaincre les utilisateurs. Illusoire, pour Livio di Tria: > «Plus on a de données, moins c’est facile de garantir qu’elles restent anonymes. De plus, dans une logique de publicitaire, ce qui est intéressant, c’est quand même d’avoir un nom pour cibler des produits. D’ailleurs, les autorités européennes reconnaissent que l’anonymisation dans un tel écosystème est difficile.» Du côté de la FRC, Jean Busché s’inquiète «des garanties dont dispose l’utilisateur, pour pouvoir se rétracter, détruire ou modifier les données une fois qu’elles ont été vendues». Selon lui, «si les données sont stockées en Suisse, même si beaucoup d’entreprises ne respectent pas la loi, il y a des droits. Des données qui partent en Chine ou aux Etats-unis, c’est plus problématique».