Voici pourquoi la souveraineté numérique est capitale

ÉDITORIAL. L’Europe, mais aussi la Suisse, doit s’investir beaucoup plus dans les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. Voici pourquoiTout va bien. Vous utilisez de temps à autre ChatGPT pour des conseils. Pour créer de jolies images, vous employez Adobe Firefly. Vous avez sans doute hâte de tester Overview, le nouveau moteur de recherche de Google. Quant à Copilot, l’assistant IA de Microsoft au sein de Word, il ne vous convainc pas encore totalement, mais vous lui donnez une chance. Et évidemment, vous avez coché dans votre agenda la date du 10 juin, à 19h pile, lorsque Apple présentera ses nouveaux services.Oui, tout va bien. Bien sûr, vous êtes conscient d’être légèrement accro à des solutions américaines. Mais comme elles sont efficaces, quasiment toutes gratuites et si faciles d’accès, où est le problème?En réalité, non, tout ne va pas si bien que cela. Notre dépendance numérique quasi totale à des services fournis par une poignée d’acteurs étrangers est un danger. Vous trouvez ce terme trop fort? Il ne l’est pas. La numérisation fulgurante de nos vies, accélérée par l’émergence de solutions d’intelligence artificielle (IA) à la puissance impressionnante, nous transforme en consommateurs passifs, adeptes de solutions étrangères sur lesquelles nous n’avons quasiment aucune prise. Lire aussi: Le cloud de la Confédération, un mépris souverain Il est ainsi capital de tout tenter – sans garantie de réussite – pour créer des acteurs importants de l’IA. Pas forcément des champions de la taille d’un Microsoft, ne visons pas l’impossible. Mais des entreprises européennes, voire suisses, capables d’être des alternatives solides – et on commence à le voir avec Infomaniak et Proton. Qu’auraient-elles de mieux à proposer que les géants de la Silicon Valley? Une meilleure protection des données, dont se moquent éperdument les empires américains de la technologie. Une meilleure éthique, une sécurité accrue des produits – là aussi, c’est le dernier des soucis d’un OpenAI, par exemple. Une conformité parfaite avec nos lois, également. Une garantie plus élevée de ne pas être à la merci de soubresauts géopolitiques brutaux. Et la création – on peut l’espérer – autour de ces acteurs européens de nouveaux écosystèmes économiques. Finalement, à quoi faisons-nous référence ainsi? A des valeurs importantes, comme l’éthique ou la protection des libertés individuelles. Et aussi au désir de maîtriser notre avenir, un avenir de plus en plus numérique. Cet éditorial n’est pas signé par un idéaliste fou qui rêve de s’affranchir de tout service d’origine étrangère. Mais l’idée est «simplement» de s’offrir la possibilité de créer des alternatives. Pour y parvenir, l’Union européenne – et la Suisse – doit prendre son destin numérique en main via des stratégies beaucoup plus ambitieuses. Lire aussi: Le retard européen dans l’intelligence artificielle est jugé dramatique

Voici pourquoi la souveraineté numérique est capitale

ÉDITORIAL. L’Europe, mais aussi la Suisse, doit s’investir beaucoup plus dans les nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. Voici pourquoi

Tout va bien. Vous utilisez de temps à autre ChatGPT pour des conseils. Pour créer de jolies images, vous employez Adobe Firefly. Vous avez sans doute hâte de tester Overview, le nouveau moteur de recherche de Google. Quant à Copilot, l’assistant IA de Microsoft au sein de Word, il ne vous convainc pas encore totalement, mais vous lui donnez une chance. Et évidemment, vous avez coché dans votre agenda la date du 10 juin, à 19h pile, lorsque Apple présentera ses nouveaux services.

Oui, tout va bien. Bien sûr, vous êtes conscient d’être légèrement accro à des solutions américaines. Mais comme elles sont efficaces, quasiment toutes gratuites et si faciles d’accès, où est le problème?En réalité, non, tout ne va pas si bien que cela. Notre dépendance numérique quasi totale à des services fournis par une poignée d’acteurs étrangers est un danger. Vous trouvez ce terme trop fort? Il ne l’est pas. La numérisation fulgurante de nos vies, accélérée par l’émergence de solutions d’intelligence artificielle (IA) à la puissance impressionnante, nous transforme en consommateurs passifs, adeptes de solutions étrangères sur lesquelles nous n’avons quasiment aucune prise.

Lire aussi: Le cloud de la Confédération, un mépris souverain
Il est ainsi capital de tout tenter – sans garantie de réussite – pour créer des acteurs importants de l’IA. Pas forcément des champions de la taille d’un Microsoft, ne visons pas l’impossible. Mais des entreprises européennes, voire suisses, capables d’être des alternatives solides – et on commence à le voir avec Infomaniak et Proton. Qu’auraient-elles de mieux à proposer que les géants de la Silicon Valley? Une meilleure protection des données, dont se moquent éperdument les empires américains de la technologie. Une meilleure éthique, une sécurité accrue des produits – là aussi, c’est le dernier des soucis d’un OpenAI, par exemple. Une conformité parfaite avec nos lois, également. Une garantie plus élevée de ne pas être à la merci de soubresauts géopolitiques brutaux. Et la création – on peut l’espérer – autour de ces acteurs européens de nouveaux écosystèmes économiques. Finalement, à quoi faisons-nous référence ainsi? A des valeurs importantes, comme l’éthique ou la protection des libertés individuelles. Et aussi au désir de maîtriser notre avenir, un avenir de plus en plus numérique. Cet éditorial n’est pas signé par un idéaliste fou qui rêve de s’affranchir de tout service d’origine étrangère. Mais l’idée est «simplement» de s’offrir la possibilité de créer des alternatives. Pour y parvenir, l’Union européenne – et la Suisse – doit prendre son destin numérique en main via des stratégies beaucoup plus ambitieuses.
Lire aussi: Le retard européen dans l’intelligence artificielle est jugé dramatique