La Genève numérique internationale, une capitale qui se cherche encore

ÉDITORIAL. Le rôle de la Cité de Calvin dans la gouvernance mondiale du numérique pourrait perdre de sa superbe faute d’un soutien clair des autorités fédéralesLe rôle de Genève dans la gouvernance mondiale du numérique est crucial. Une attractivité qui n’est toutefois pas gravée dans le marbre et qui pourrait même décliner sans un soutien adéquat de la part des autorités. Or, la Genève internationale est confrontée à de multiples enjeux: tensions géopolitiques, crise budgétaire, inquiétudes des organisations non gouvernementales ou encore concurrence internationale grandissante.En sa qualité de siège européen des Nations unies ainsi que de nombreuses agences onusiennes et autres organisations internationales, la Cité de Calvin est naturellement portée à accueillir des discussions qui traitent de la gouvernance mondiale du numérique. Des standards comme la 5G, les appels vocaux via internet ou encore le streaming vidéo ont été débattus sur les rives du Léman. Ces éléments, bien que très techniques, garantissent l’interconnexion de nos machines d’un bout à l’autre de la planète via internet et ses nombreuses applications.Notre enquête: Genève ne se donne plus les moyens d’être le phare mondial du numérique Il serait toutefois naïf de croire que ce riche écosystème d’institutions internationales est une protection contre tout déclassement. La polarisation du monde n’épargne pas la Suisse, elle-même confrontée sur le plan intérieur à des débats houleux sur sa neutralité diplomatique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé la manière dont les Suisses placent leur pays sur la carte de la géopolitique. La Genève internationale reste malgré tout un lieu important pour la diplomatie, à la fois parce qu’elle accueille des institutions incontournables, mais aussi parce qu’elle est suffisamment impartiale pour permettre à des adversaires de se rencontrer. ### Une question de volonté politique C’est plutôt au sein même du pays que le rapport à cette Cité de Calvin, garante de la paix dans le monde et dans le cyberespace, peut être interrogé. Les autorités ont-elles encore des ambitions pour cette Genève internationale numérique? D’autres villes affichent désormais clairement les leurs, de Paris à New York en passant par La Haye. Le Conseil fédéral doit bientôt élaborer sa stratégie de politique extérieure numérique, qui va donner le ton pour les prochaines années sur le plan financier, alors même que les finances fédérales se portent mal. La tentation de faire de la Genève internationale numérique une variable d’ajustement pour le budget de la Confédération pourrait traverser l’esprit du Conseil fédéral et des parlementaires. Elle pourrait aussi faire l’objet d’un désintérêt, face à d’autres dossiers jugés plus prioritaires. Ces dernières années, plusieurs rapports ont esquissé des recommandations pour renforcer le rôle de la Genève internationale dans la gouvernance du numérique. Tout ce qu’il manque, c’est la volonté politique de les mettre en œuvre. Pour garantir que la tradition humanitaire portée par Genève continue d’influencer l’évolution du cyberespace. Lire aussi: Le futur président de l’Icann sera basé à Genève

La Genève numérique internationale, une capitale qui se cherche encore

ÉDITORIAL. Le rôle de la Cité de Calvin dans la gouvernance mondiale du numérique pourrait perdre de sa superbe faute d’un soutien clair des autorités fédérales

Le rôle de Genève dans la gouvernance mondiale du numérique est crucial. Une attractivité qui n’est toutefois pas gravée dans le marbre et qui pourrait même décliner sans un soutien adéquat de la part des autorités. Or, la Genève internationale est confrontée à de multiples enjeux: tensions géopolitiques, crise budgétaire, inquiétudes des organisations non gouvernementales ou encore concurrence internationale grandissante.

En sa qualité de siège européen des Nations unies ainsi que de nombreuses agences onusiennes et autres organisations internationales, la Cité de Calvin est naturellement portée à accueillir des discussions qui traitent de la gouvernance mondiale du numérique. Des standards comme la 5G, les appels vocaux via internet ou encore le streaming vidéo ont été débattus sur les rives du Léman. Ces éléments, bien que très techniques, garantissent l’interconnexion de nos machines d’un bout à l’autre de la planète via internet et ses nombreuses applications.

Notre enquête: Genève ne se donne plus les moyens d’être le phare mondial du numérique
Il serait toutefois naïf de croire que ce riche écosystème d’institutions internationales est une protection contre tout déclassement. La polarisation du monde n’épargne pas la Suisse, elle-même confrontée sur le plan intérieur à des débats houleux sur sa neutralité diplomatique. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a bouleversé la manière dont les Suisses placent leur pays sur la carte de la géopolitique. La Genève internationale reste malgré tout un lieu important pour la diplomatie, à la fois parce qu’elle accueille des institutions incontournables, mais aussi parce qu’elle est suffisamment impartiale pour permettre à des adversaires de se rencontrer. ### Une question de volonté politique C’est plutôt au sein même du pays que le rapport à cette Cité de Calvin, garante de la paix dans le monde et dans le cyberespace, peut être interrogé. Les autorités ont-elles encore des ambitions pour cette Genève internationale numérique? D’autres villes affichent désormais clairement les leurs, de Paris à New York en passant par La Haye. Le Conseil fédéral doit bientôt élaborer sa stratégie de politique extérieure numérique, qui va donner le ton pour les prochaines années sur le plan financier, alors même que les finances fédérales se portent mal. La tentation de faire de la Genève internationale numérique une variable d’ajustement pour le budget de la Confédération pourrait traverser l’esprit du Conseil fédéral et des parlementaires. Elle pourrait aussi faire l’objet d’un désintérêt, face à d’autres dossiers jugés plus prioritaires. Ces dernières années, plusieurs rapports ont esquissé des recommandations pour renforcer le rôle de la Genève internationale dans la gouvernance du numérique. Tout ce qu’il manque, c’est la volonté politique de les mettre en œuvre. Pour garantir que la tradition humanitaire portée par Genève continue d’influencer l’évolution du cyberespace.
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